L’art subtil du plagiat

L’art subtil du plagiat

Hélas, tout le monde n’est pas gentil et mignon dans le monde du SEO et il se glisse quelquefois un arnaqueur en mal d’argent facile… Jusqu’alors, nous avions réussi à en esquiver la majorité, mais nous avons fini par être piégés par l’un d’eux 🙁

Nous proposons depuis 2 ans une prestation de « courtage en rédaction », c’est à dire que nos clients nous commandent plusieurs centaines de textes que nous faisons rédiger à Madagascar et au Bénin (les clients sont informés de ce point). Nous avons été victime d’un rédacteur qui plagiait des textes issus de sites web.

Nous nous sommes fait arnaquer mais nous avons assumé les problèmes occasionnés et avons réparé les dégâts en proposant :

  • soit de rembourser les articles plagiés
  • soit de fournir gratuitement une nouvelle version des articles plagiés

Voici le mail que nous avons envoyé à tous nos client (impactés ou non) :

Comment le rédacteur procédait-il ?

Le procédé est assez simple, le rédacteur copiait-collait le texte sur le web ce qui l’intéressait et il modifiait légèrement chaque phrase. Par exemple :

Texte original : « Cette enceinte bluetooth est particulièrement intéressante si vous voulez faire la fête avec des amis »

Texte plagié : « Une enceinte bluetooth est tout à fait adaptée si vous voulez organiser une soirée avec des copains »

C’est une forme de spinning « manuel » (lisez cet article pour en savoir plus sur le spinning : https://www.definitions-marketing.com/definition/content-spinning/)

A noter que de nombreux SEO black hat utilisent ce type de technique en mode automatisé. C’est très pratique pour générer des textes en masse. Mais attention ! Si les textes servant de base sont issus d’autres sites web, c’est du vol.

Comment l’avez-vous détecté ?

C’est l’un de nos clients qui a détecté l’arnaque. Il s’est récemment muni de « KillDuplicate », un outil de détection de plagiat (veuillez noter que cet article n’est pas sponsorisé 😉 ). Il nous a alors rapporté qu’une partie des textes que nous lui fournissions étaient issus des plagiats de pages web.

Dans un premier temps nous étions assez sceptiques vu que nous testons régulièrement les textes sur différents outils disponibles sur le web et que les indicateurs étaient au vert. Malheureusement, après vérification manuelle, nous avons pu constater qu’il y avait effectivement du plagiat.

Pourquoi ne l’avez-vous pas détecté avant ?

Le rédacteur utilisait les outils de détection de plagiat disponibles sur le web, non pas pour vérifier que son texte en copiait un autre, mais pour s’assurer que son plagiat était indétectable !

Il passait ses textes sur les outils pour trouver les phrases qui étaient trop similaires à l’original et répétait l’opération jusqu’à ce que son texte soit marqué « non dupliqué ». Cette méthode a deux avantages pour lui :

  • Les outils indiquent au rédacteur quelles sont les phrases qui doivent être modifiées davantage.
  • Vu que la majorité des clients utilisent ces outils de détection de plagiat, personne ne peut voir le plagiat.

Le rédacteur passe donc sous les radars sans aucun souci.

Pourquoi KillDuplicate a-t-il réussi à détecter la supercherie ?

La méthode employée par Killduplication est plus fine car il vérifie le texte en le découpant en petits bouts de phrases de quelques mots. Il suffit donc que le rédacteur n’ait pas modifié cinq ou six mots du texte d’origine pour que le plagiat soit détectable.

KillDuplicate casse donc la technique du rédacteur en le forçant à modifier TOUS les mots du textes, ce qui complique nettement sa tâche.

Il suffit donc que le rédacteur utilise lui-aussi KillDuplicate pour le contourner ?

Techniquement, oui. Mais Killduplicate a deux caractéristiques qui le rendent plus compliqué à contourner :

  • Il est payant, le rédacteur ne peut donc pas multiplier les essais pour obtenir un texte indétectable sinon la rentabilité de son opération chute.
  • Le compte-rendu nécessite plusieurs minutes pour être obtenu (parfois une demi heure !). C’est plutôt un inconvénient pour les clients qui doivent attendre longtemps pour obtenir un résultat. Néanmoins c’est une véritable force pour contrer un rédacteur-plagieur. Le temps nécessaire pour plagier un texte va être beaucoup plus long que si l’outil donnait les résultats instantanément.

Ce sont finalement deux inconvénients de KillDuplicate qui fournissent une protection supplémentaire contre les plagieurs (tout le monde préfère la gratuité et tout le monde préfère l’instantanéité).

Comment avez-vous été mis en relation avec ce rédacteur ?

Nous travaillons avec plusieurs rédacteurs à Madagascar et au Bénin (nous avons toujours été transparents avec nos clients sur ce point). Certains de ses rédacteurs travaillent en équipe et recrutent donc des « co-équipiers ». Le plagieur a été recruté par l’une de ces équipes.

Nous n’avons donc pas recruté nous-même cet individu, c’est l’un de nos prestataires historiques qui l’a intégré dans son équipe.

Travaillez-vous toujours avec cette équipe ?

Non, car lorsque nous avons discuté de la situation avec la chef d’équipe, elle a tenté de cacher des informations pour ne pas être tenue responsable des dégâts commis par sa co-équipière. De plus, une fois que la rédactrice a été démasqué, l’équipe a continué a nous fournir des textes plagiés ! Nous l’avons détecté immédiatement vu que KillDuplicate est maintenant intégré par défaut dans notre processus de livraison des textes.

Dès lors, la confiance était brisée et il n’était plus possible de travailler avec cette équipe.

Qu’avez-vous fait une fois la supercherie détectée ?

La première chose que nous avons fait est d’expliquer la situation au client qui a découvert la supercherie. Il a été compréhensif et nous lui avons offert de refaire rédiger à nos frais les textes qui posaient problème. Nous continuons donc de travailler avec ce client.

Ensuite, nous nous sommes immédiatement équipé de Killduplicate et tous les textes que nous recevons sont systématiquement passés au crible. L’API de l’outil nous a permis d’automatiser ce point (pour rappel, cet article n’est pas sponsorisé 😉 ). La rédaction est moins rentable, mais la qualité est à ce prix.

Nous avons ensuite repassé avec l’outil tous les textes qui avaient été rédigés depuis janvier (le plagieur avait été recruté en février). Parmi ces textes il y en avait plusieurs qui ont été détecté comme étant dupliqué, nous avons donc envoyé un rapport détaillé à chaque client (même ceux qui n’étaient pas impactés, pour les informer).

Deux solutions ont été proposées :

  • Soit le remboursement du texte
  • Soit la réécriture gratuite du texte par d’autres rédacteurs, avec une vérification par KillDuplicate.

Comment les clients ont-ils réagi ?

Depuis que nous avons commencé à proposer des prestations, nous avons mis un point d’honneur à gagner la confiance de nos clients. Cela implique par exemple :

  • de faire le travail correctement.
  • de savoir refuser de faire des prestations pour lesquelles nous sommes faibles.
  • de ne pas faire payer un client en cas de désaccord.
  • de communiquer et d’être transparent lorsque des problèmes apparaissent.

Comme d’habitude, nous avons joué la transparence avec nos clients. Nous avons été victimes d’une arnaque, néanmoins, nous assumons les problèmes occasionnés et tentons de les réparer en proposant des solutions.

Les clients ont été rassurés par cette intervention. Ils continuent à travailler avec nous et malgré cet épisode plusieurs d’entre eux nous ont recommandé à d’autres personnes 🙂

Tous pourris ?

Non, nous avons déjà commandé des milliers de textes en Afrique à des dizaines de rédacteurs différents et c’est  la première fois que ce genre de mésaventure se produit. Heureusement, il s’agissait d’une exception…

Comment puis-je utiliser KillDuplicate ?

Il y a deux solutions :

  • Soit vous prenez un abonnement à Killduplicate pour vérifier vos textes via l’interface ou l’API.
  • Soit vous commandez vos textes via Bulldoz , qui est une plateforme de rédaction gratuite et SANS commission que j’ai créé 🙂 Vous pourrez faire vérifier votre texte dès sa réception avec un simple clic (ce service complémentaire est lui facturé). Rapide et efficace 😉

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaires !

26 Replies to “L’art subtil du plagiat”

  1. J’ai été une victime collatérale du plagiat , mais bravo pour la gestion & transparence, c’est vraiment appréciable ! La morale de l’histoire est malheureusement qu’il faut utiliser Killduplicate systématiquement quand on commande des textes désormais. Oui c’est un surcout, mais c’est indispensable…

  2. Vu que c’est moi le client dont il est question dans l’article, je vous confirme que François a fait preuve d’une totale transparence et qu’il a pris le taureau par les cornes (normal quand on vit en Espagne 😉 ) pour redresser la situation.
    Je lui avais même proposé de ne refaire rédiger que les articles qui avaient été détectés en plagiat par KillDuplicate mais il a préféré les faire tous refaire pour être plus prudent !
    Cela n’a fait qu’accroître la confiance que j’avais en lui, si tout le monde gérait son business de façon aussi clean cela éviterait bien des prises de becs avec des prestataires !

    1. Salut Franck,
      je ne voulais pas donner ton nom directement par souci de discrétion 😉
      C’était la moindre des choses que j’assure un service après-vente aux petits oignons pour celui qui a détecté le souci, a bien voulu croire en ma bonne foi et a continué à m’accorder sa confiance pour la suite du projet 🙂
      Ce sont les clients comme toi qui font grandir mon entreprise.

  3. J’ai eu la chance de ne pas être impacté et je pensais même que ce n’était pas très grave si les outils standards ne détectait pas le duplicate. Le problème était surtout l’arnaque du rédacteur qui est payé pour un texte original.
    Cela dit chapeau bas à François pour la gestion du problème, assumée et en toute transparence.

    1. Merci Christophe 🙂
      En fait, le problème est bien plus grave qu’un simple souci de contenu dupliqué (du point de vue de Google) ou d’arnaque de quelques textes pour un client.
      Le VRAI problème est d’ordre juridique : certains textes étaient pompés sur des sites de groupes internationaux. Ils auraient donc pu attaquer mes clients pour plagiat et on sait que nos petites boîtes peuvent se faire mettre en pièces par un acharnement juridique, même en plaidant la bonne foi…

  4. Merci à toi François pour ce retour d’expérience et cette transparence qui prouve ton professionnalisme 🙂
    J’ai également commencé à utiliser Kill Duplicate il y a quelques semaines, c’est vraiment un très très bon outil.

    1. Merci Fred,
      Oui, ça fonctionne vraiment bien. Je crois que je l’ai poussé à l’extrême : pour un des mes client j’ai du passé plus de 500 textes de 800 mots, il a tout analysé tranquillement (ça a quand même nécessité une dizaine d’heures de moulinette 🙂 )

  5. D’un point de vue de rédactrice, je ne pense pas que nous devons blâmer le rédacteur. Je trouve déjà qu’il s’est donné bien trop de mal à camoufler son plagiat. Avec une rémunération « client final » à 2 € / 100 mots, je n’ose même pas imaginer ce qui revient au rédacteur. Il y a tout de même au moins 2 intermédiaires qui margent sur son travail. Les dirigeants de ces grosses boîtes malgaches de production de contenu savent tous que la plupart des articles qu’ils vendent sont tout ou partie plagiés. À ce tarif, c’est le contraire qui me laisserait perplexe.

    1. C’est intéressant cette réflexion : vu que le rédacteur n’est pas assez bien payé, ça lui donne le droit de voler des textes sur d’autres sites (qui eux n’ont rien demandé).
      Plusieurs points:
      – Je ne négocie pas les tarifs des rédacteurs, ce sont eux qui présentent leurs tarifs, que j’accepte ou non.
      – Si un rédacteur pense qu’il n’est pas assez bien payé pour réaliser son travail, il est tout à fait libre de le refuser pour se consacrer à d’autres clients qui le payeront mieux.
      – J’avoue que je ne me sens pas très à l’aise dans le rôle des « intermédiaires qui margent sur son travail », c’est d’ailleurs en partie pour cette raison que j’ai mis en ligne la plateforme https://www.bulldoz.net qui permet aux rédacteurs de trouver des clients en direct et sans payer de commission.

      1. Pour changer, je rejoins l’opinion de François : je ne pense pas que cela soit normal de se réapproprier le travail de quelqu’un d’autre.
        Outre le fait que je ne comprends toujours pas comment cela peut être plus rentable que d’écrire un texte à la main (tu en parlais sur Twitter d’ailleurs Audrey : c’est beaucoup plus rapide d’écrire from scratch), c’est aussi un vrai problème moral. Tu vends quelque chose qui ne t’appartient pas ET qui va pénaliser ton client. C’est malhonnête sur toute la ligne.

        J’évite le « faut qu’on, ya qu’à », il n’empêche que je suis certaine qu’il doit y avoir d’autres alternatives, plutôt que de se retrouver agrégé(e) dans ce genre d’équipes malhonnêtes à des prix bas (merde, Internet permet de masquer beaucoup de chose, jusqu’à sa nationalité, pourquoi ne pas en profiter et utiliser des prix plus corrects ?).

        Bref, je reste très surprise par le choix, j’aimerais bien les voir bosser pour comprendre comment ça peut être rentable…

        Un article intéressant btw !

        1. Camille,
          Tu parles d’un pays où le salaire moyen est de 25 euros. En gros, tu écris 1500 mots et t’es au ‘salaire moyen’. On est d’accord que pour ce prix, t’as pas grand chose là bas. Mais ceci explique cela. Un salarié qui fait ce genre de boulot peut espérer être rémunéré 250€,
          Concernant le plagiat en général par contre, je ne suis pas sûr que, même ‘normalement’ formés, ils se rendent compte des dommages que ça représente.
          @anonymus

      2. François, je n’ai pas dit qu’il avait le droit de plagier. Ce que je veux dire, et je crois qu’on s’est compris sur Twitter, c’est « Qu’est ce que ça lui apporte de faire ça, vu le temps qu’il passe à tenter de camoufler son plagiat ? ». Alors, oui le rédacteur est libre de refuser une mission s’il la juge mal payée, cependant, je pense vraiment, tout comme c’est le cas pour les call-centers offshores, qu’il est dans un système « presse-citron ».

  6. Hello. Chaud cette histoire. En étant obligé de prendre kill duplicate, ça doit enlever quelques marges et du coup amoindrir les avantages de recourir à des prestas moins chers non ?

  7. Merci pour ce retour François,
    Je pense que l’on a tous bien compris que tu utilisais KillDuplicate et que ton article n’était pas sponsorisé ! 😉
    As tu d’autres outils de détection de plagiat équivalent ou différents en certains points à nous proposer ? (Comme Siteliner ou Copyscape par exemple).
    J’aimerais compléter ma liste visible ici stp : https://mturcan.pro/liens-utiles-et-outils-seo/
    Merci par avance !

  8. Hello,

    Retour d’expérience très intéressant, et belle « gestion de crise ». 🙂

    On notera bien que Killduplicate est LE must have, les services en ligne gratuits ne suffisant pas !

    Concernant tes (je suppose) suppositions sur les méthodes employées pour faire ces plagiats :
    Il est assez connu que les rédacteurs offshore, notamment malgaches, utilisent des logiciels de spinning avancé… Ça m’étonnerait beaucoup qu’ils se fassent chier comme tu le décris ! Il sont pas fous ni bêtes, ça fait longtemps que ce sont des gros business la bas, de plus en plus organisés. Ils ont tous les outils qu’il faut pour automatiser et spinner des contenus en masse !

    Donc je pense qu’ils sont bel et bien rentables avec ces méthodes, et qu’ils passent moins de temps que s’ils rédigeaient.

    Bien à toi,
    Rémi

    1. Merci pour ton commentaire sympathique 🙂
      Je pense également qu’un logiciel de spinning a été utilisé pour accélérer le processus, mais je n’ai aucun élément pour le savoir. Pour une fois, j’avoue que la rentabilité de la méthode me laisse un peu indifférent 😉

  9. Bonjour François et merci pour ce très intéressant retour.

    La lecture de l’article et du passage suivant :
    « il (KillDuplicate) vérifie le texte en le découpant en petits bouts de phrases de quelques mots. Il suffit donc que le rédacteur n’ait pas modifié cinq ou six mots du texte d’origine pour que le plagiat soit détectable. »

    Me laisse à penser que les fraudeurs vont se pencher un peu plus de ce côté pour passer sous les radars du détecteur de duplicate content, non ?

    On en revient toujours au jeu du chat et de la souris…